Je prends ici l’exemple de Mohamed Ali, cela s’applique au fan et à l’idole en règle générale.
Nous ne sommes pas tous des « Mohamed Ali ». Quel exemple de combativité, que ce soit sur le ring, pour ses droits, pour le droit des noirs, pour la liberté religieuse, etc.
Oui, Mohamed Ali (ex Cassius Clay) est une véritable légende. C’est une étoile, une « star » pour les passionnés de boxe mais aussi pour les passionnés de « chemin de vie » extraordinaire.
Pour autant, nous ne sommes pas tous des « Mohamed Ali ». La société dans laquelle nous vivons aujourd’hui fait peu de places aux émotions, au fait que vous ayez le droit aussi de « baisser les poings ». Est-ce que la vie doit être un combat constant ? Devons-nous être absolument ce qu’on nous impose d’être ? Parfait, en apparence ? combatif, tout le temps ? positif et avec le sourire ?
Nous sommes ce que nous sommes. Mohamed Ali était qui il était, avec sa force, son courage, mais aussi ses faiblesses, comme tout être humain. C’est sa vie. Lui rendre hommage est tout à fait légitime, car c’est une « légende ».
Mais vous faire croire que vous pouvez être un Mohamed Ali est un non-sens. Cela peut s’avérer même dangereux. Aujourd’hui, je lis même, en substance dans certains articles, une certaine culpabilisation de ceux qui ne sont pas aussi battants que lui, avec les sempiternelles rengaines : « quand on veut, on peut », « si tu es dans telle situation, c’est entièrement de ta faute, regarde comment lui a réussi » ou bien « tout le monde peut réussir, la preuve, il y est arrivé, lui, alors bouge-toi … » : Destructeur plus que constructeur. Ce sont des injonctions qui ne vous appartiennent pas. Il est destructeur d’être toujours dans le positif. La notion d’équilibre est essentielle.
J’attire l’attention ici sur le danger que peut représenter « l’idolâtrerie » à outrance et de la « dictature du oui-oui bien-être » consistant à aller toujours bien, le « happy washing » en anglais.
L’effet est inversement proportionnel à ce que l’on pourrait escompter. Au pire, à vouloir rentrer dans un moule, on finit par ressembler à une tarte.
Dans les cas les plus visibles aujourd’hui, le mimétisme du « fan » qui fait tout pour ressembler à son modèle : vêtements, comportements, décorations intérieures, collections (notion de possession), obsessions, etc. Vous risquez de vous perdre dans les méandres des idoles ou autres adages de « réussite » (d’ailleurs, c’est quoi réussir ?) A vouloir trop prendre exemple, de copier, on risque de devenir une copie mal faite, une pâle copie, d’une personne ayant existée, qui a suivi son propre chemin de vie, avec ses propres expériences.
Tout comme Gandhi ou d’autres illustres personnages, leurs combats, menés chacun à leur manière, peuvent être une « étoile polaire » (mais pas forcément), vous inspirer (mais pas forcément, vous avez le choix), encore moins un prétexte culpabilisant de personnes extérieures parce que vous n’y arrivez pas. Vous n’êtes peut-être pas fait pour ce que l’on vous demande de faire. Le problème est peut-être ailleurs.
En plus, vous passez à côté de quelqu’un de fabuleux que la vie a créée : soyez vous-même, car les autres sont déjà pris. Acceptez-vous tel que vous êtes avec vos faiblesses, vos qualités et vos émotions : AIMEZ-VOUS !